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Rester zen face aux pénuries alimentaires annoncées, est-ce possible ?

Par Jean-Cédric Jacmart – Fondateur de la ferme de Desnié – Septembre 2023


Une fois n’est pas coutume, cet article s’adresse aux personnes qui ont pris conscience que nous allons vivre des périodes sous haute tension en termes d’approvisionnement alimentaire en Belgique d’ici 2030. Pour elles, il ne s’agit plus de se questionner sur l’éventualité de la perte de souveraineté alimentaire, mais plutôt de « quand » allons-nous connaître des rationnements en nourriture et en eau potable.

Cet article a pour intention de proposer des pistes d’actions concrètes et positives pour ceux et celles qui ressentent le besoin d’agir rapidement afin d’assurer un cadre de vie autonome et sécurisant.


Les agriculteurs pourront-ils encore nous nourrir demain ?


Depuis la révolution verte en Europe à partir de 1960, la plupart des fermes se sont progressivement spécialisées dans des secteurs spécifiques pour pouvoir répondre aux volumes croissants de la demande du secteur agroalimentaire. Hélas, au détriment du modèle vertueux des petites fermes paysannes diversifiées et autonomes d’avant-guerre 40-45 !


Au risque de jeter un pavé dans le fumier, rares sont les agriculteurs qui seraient capables de survivre au sein de leurs propres exploitations agricoles en cas de ruptures partielle ou totale de la chaîne d’approvisionnement en énergie fossile et électrique, en engrais azotés de synthèse, en produits phyto, en semences, en pièces de rechanges, … sans compter les potentielles interdictions d’arroser ou de pomper de l’eau des aquifères lors de sécheresses intenses. L’hyperinflation et un effondrement des systèmes financiers et monétaires pourraient par ailleurs se rajouter à la liste des difficultés que les agriculteurs pourraient affronter.


Ironie du sort, même les agriculteurs qui pratiquent l’agroécologie mécanisée seraient largement mis en difficulté pour les raisons évoquées ci-dessus.


Je vous invite à lire ou à relire l’article écrit en février 2023 "J’étais incapable de produire mon alimentation !" dans lequel vous aurez accès en bas de page à un document éclairant de Sarah Vray et de Pierre Rasmont de l’Université de Mons, intitulé « Les risques de crises alimentaires en Belgique au 21e siècle ».


Si ce sujet vous intéresse, je vous invite également à découvrir le livre publié en 2017 par Pablo Servigne, « Nourrir l’Europe en temps de crise, vers des systèmes alimentaires résilients ».


Quelles seraient les solutions positives ?


Après une dizaine d’années d’observation du monde agricole et de retours d’expérience personnels en transformation de propriétés résidentielles et de micro fermes en zones périurbaines et campagnardes, j’arrive à la conclusion que la meilleure façon d’aborder l’avenir sereinement, ce serait de créer un réseau de milliers de micro fermes familiales permacoles sur l’ensemble de notre territoire. Ces lieux seraient relativement autonomes en production vivrière et énergétique.

Je vis moi-même dans une micro ferme depuis une dizaine d’années et cela me procure un sentiment de relative sécurité même si je reste inquiet pour mes voisins et les millions de personnes dans mon pays qui ne sont pas correctement informés et préparés à être en capacité de réagir à la hauteur d’événements radicaux, à l’instar de ce que nous avons vécu lors des confinements COVID19. C’est-à-dire, le rationnement et le manque de produits de première nécessité qui a généré un mouvement de panique et de « chacun pour soi ».


Pas besoin d’avoir des hectares !


Pour assurer une forme d’autonomie, il n’est pas nécessaire de posséder des hectares de terres agricoles et d’être né dans une famille de fermiers ! La famille Dervaes à Pasadena, dans la banlieue de Los Angeles, produit près de 3 tonnes de légumes et aromates par an ainsi que 1800 œufs et 200 litres de lait de chèvre sur une surface inférieure à… 400m2 ! En réalisant cette prouesse, la famille atteint deux objectifs. Elle est en grande partie autonome en alimentation (hormis les céréales) et elle vend ses surplus dans son quartier, ce qui rapporte un revenu complémentaire supérieur à 20 000 dollars par an. Cerise sur le gâteau, la famille est pratiquement autonome en électricité avec une facture mensuelle de 12 dollars !


Ensemble on est plus fort !


Faisant suite à la crise des subprimes de 2008, la ville de Détroit est déclarée en faillite en 2013. Cela provoquera un exode de plusieurs centaines de milliers d’habitants avec une explosion galopante de la pauvreté. La ville lance alors l'ordonnance de l’agriculture urbaine, la reconnaissant comme une activité légale qui permet à la ville de se renforcer économiquement. Des potagers, des vergers ou des fermes piscicoles sont créés dans et autour de la ville et sont mis à disposition des habitants, qui deviennent des agriculteurs en herbe. Un projet à grande échelle a notamment été développé: un quartier entier dédié à l’agriculture urbaine. Résultat : en 2017, on comptait plus de 1 400 fermes urbaines à Détroit !

Par conséquent, si vous habitez en zone périurbaine, vous pouvez transformer votre jardin ou vous regrouper avec plusieurs voisins pour rassembler vos forces et compétences.


Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à découvrir le livre du co créateur de la permaculture David Holmgren « RetroSuburbia - The downshifter's guide to a resilient future », ou comment transformer les banlieues en zones nourricières et autonomes en énergie (disponible au format papier ou en ligne). https://retrosuburbia.com/


Pour créer une micro ferme autonome, on fait comment ?


Soyons honnête, pour créer un lieu autonome, productif et résilient, il y a trois voies possibles.


  1. Vous choisissez de vous faire accompagner pour des professionnels qui vous guident de A à Z pour concevoir et mettre en place votre projet. Cela ne vous exonère pas de suivre des formations spécifiques en jardinage, petit élevage, production de fruits, transformation de produits, … L’avantage est que vous bénéficiez de l’expertise de professionnels qui vont vous faire gagner du temps et limiter les erreurs de conception. En revanche, cette formule est plus onéreuse que le « do it yourself ».

  2. Vous décidez de suivre l’une ou l’autre formation spécifique en présentiel et inspirante tel que le « cours certifiant de design en permaculture » ou la formation « créer une microferme permaculturelle » dans lesquelles vous aurez accès à la méthodologie idéale qui vous donnera une vue d’ensemble de tous les paramètres de conception et de transformation d’un lieu pour que vous puissiez entreprendre votre « design » par vous-même. Bien entendu, vous devrez entreprendre des petites formations spécifiques tout en expérimentant sur le terrain en même temps.

  3. Soit vous optez pour une formule hybride, dans laquelle vous suivez l’une ou l’autre formation tout en vous faisant accompagner par un designer en permaculture professionnel ainsi que des conseillers techniques en agroforesterie, en arboriculture fruitière, en élevage, en jardinage, en terrassement, en écoconstruction, gestion de l’eau, gestion de l’énergie, …).


Quel que sera votre choix, je vous recommande de visiter des lieux inspirants, voir même de faire du volontariat dans des petites fermes paysannes pour que vous puissiez aller au contact du réel. Participer à un jardin collectif est aussi un excellent moyen de profiter de l’expérience des plus « anciens » et de se rôder aux joies de la permaculture sociale.


La formation microferme permaculturelle à la ferme de Desnié (une fois par an).


Nous avons créé une formation unique qui rassemble tous les éléments requis pour réaliser une microferme permaculturelle en peu de temps.

Il n’y a aucun prérequis, cette formation est accessible à tous, que vous ayez un terrain ou non ou que vous ayez pas ou peu d’expérience en jardinage et en élevage.


Atelier avec Isabelle Habsch, maraîchère professionnelle – Formation Microferme Desnié 2022.


A titre d’exemple, voici quelque uns des chapitres abordés lors du stage de 5 jours :


Quelle est la méthodologie à suivre pour créer un projet productif en 12 à 24 mois ?

Comment choisir un terrain ?

Comment faire quand on n’est pas propriétaire d’un terrain ?

Quels types de superficie et pour quels types de résultats/rendements ?

Comment transformer un jardin ou une propriété résidentielle en microferme ?

Comment analyser son sol ;

Faut-il élever et intégrer des animaux ?

Quelles sont les règles urbanistiques et agricoles ?

Peut-on travailler seul ou faut-il être à plusieurs ?

Comment mettre en place un cadre de gouvernance efficace ?

Quels sont les points clés de la gestion de l’eau ;

Quels sont les coûts d’installation ?

Peut-on avoir des revenus d’une micro ferme ?

Comment créer suffisamment de biomasse ?

Quels sont les outils nécessaire ?

Peut-on se passer de la mécanisation ?

La traction animale est-elle envisageable ?

Comment être autonome en semences, intrants, fourrage, … ?

Peut-on lancer un projet sans argent ?

Quels volumes de production peut-on attendre ?

Quelle sont les formations courtes et efficaces suggérées ?

Peut-on installer un habitat léger sur sa microferme ?



Atelier agroforesterie avec Sébastien Pirotte – Formation Microferme Desnié 2022.

Lors de la formation, de nombreux arpentages in situ sur la ferme de Desnié vous permettront de voir par vous-même les solutions qui ont été envisagées lors de la conception et de l’aménagement de la ferme. Les participants profiteront des retours d’expérience de la ferme de Desnié et de ses formateurs ainsi que des nombreux projets que nous avons accompagnés en Belgique, au Luxembourg, en France, …


Atelier traction animale avec Jean-Cédric Jacmart – Ferme de Desnié 2022.

Vous voulez en savoir plus ? https://www.desniepermaculture.com/microferme


A propos de l’auteur :


Jean-Cédric Jacmart est la personne source de la ferme de Desnié et de la coopérative Le Petit Monde de Desnié. Passionné par l’éthique et les outils offerts par le mouvement de la permaculture depuis 2013, il est animé par le questionnement de l’empreinte écologique et des dégâts infligés à l’environnement par les activités humaines. Il a suivi plusieurs cours certifiés de Design en permaculture (PDC/CCP), notamment à la ferme du Bec Hellouin en Normandie, au Viel Odon en Ardèche et en Jordanie dans la cadre de l’opération « Greening the desert » avec Geoff Lawton.

Formateur, auteur et designer, il est le co-fondateur des bureaux de design en permaculture Padia et Canopy Design, qui conçoivent des projets de fermes et de lieux productifs, résilients, soutenables et solidaires en Belgique, Luxembourg, France, Espagne, Maroc, …




Le Petit Monde de Desnié est une école et une microferme laboratoire de référence en permaculture. Nous enseignons la science et l’art de créer des lieux de vie harmonieux, productifs, autonomes et solidaires.




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